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    Le sublime échange du bonheur et de la souffrance

      
    Par Dilgo Kyentsé Rinpoché
     

     

     

     

    Commencer par engendrer un puissant sentiment de chaleur humaine,

     de sensibilité et de compassion à l'égard de tous les êtres vivants.

    Puis,

    imaginez des êtres qui endurent des souffrances similaires aux vôtres

    ou plus graves encore.

    En respirant,

    considérez qu'au moment ou vous expirez,

    vous leur envoyez avec votre souffle tout votre bonheur,

    notre vitalité, votre bonne fortune, votre santé, etc...

    sous la forme d'un nectar blanc, frais et lumineux.

     Et faites la prière suivante :

    "Qu'ils recoivent ce nectar que je leur donne sans réserve."

    Visualisez qu'ils absorbent totalement ce nectar qui soulage leur douleur

    et comble tous leurs besoins.

    Si leur vie risque d'être brève, imaginez qu'elle puisse être prolongée ;

     s'ils sont malades, pensez qu'ils sont guéris ;

    s'ils sont pauvres et démunis, imaginez qu'ils obtiennent ce sont ils ont besoin ;

     s'ils sont malheureux, qu'ils trouvent le bonheur.

    En inspirant,

     considérez que vous prenez sur vous, sous la forme d'une masse noirâtre,

     toutes les maladies, tous les obscurcissements

    et les poisons mentaux de ces êtres.

    Imaginez que cet échange les soulage de tous leurs tourments.

    Pensez que leurs souffrances vous atteignent aisément

     tout comme la brume portée

    par le vent vient draper une montagne.

     Lorsque vous prenez sur vous tout le poids de leur souffrances,

    éprouvez une grande joie que vous mêlez à l'expérience de la vacuité,

    c'est à dire à la compréhension que tout est impermanence

    et dénué de solidité.

    Puis répétez l'exercice pour l'infinité des êtres :

    vous leur envoyer votre bonheur et vous endossez leurs souffrances.

    Vous pouvez effectuer cette pratique à n'importe quel moment

    et en toutes circonstances

    et l'appliquer à toutes les activités de la vie quotidienne,

    jusqu'à ce qu'elle devienne une seconde nature.

    Parfois, lorsque vous expirez,

     visualisez que votre coeur est une brillante sphère lumineuse

    d'où émane des rayons de lumière blanche

     portant votre bonheur à tous les êtres, dans toutes les directions.

    Inspirez leurs erreurs et leurs tourments

    sous la forme d'une dense nuée noire.

    Cette sombre nuée pénètre votre coeur

     où elle s'absorbe sans laisser de trace dans la lumière blanche.

    A d'autres moments,

    imaginez que votre corps se multiplie en une infinité de formes

    qui se rendent partout dans l'univers,

    prennent sur elles toutes les souffrances de tous les êtres

     qu'elles rencontrent

     et leur donnent le bonheur en échange.

    Imaginez que votre corps se transforme en vêtements pour ceux qui ont froid,

    en nourriture pour les affamés ou

    en refuge pour les sans-abri.

     

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    Extrait de l'ouvrage "Plaidoyer pour le Bonheur" de Matthieu Riccard aux éditions NIL.



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    L'ART DE SE TAIRE

     

     

    Souvent passe un regard, un regard soutenu

     

    Tes yeux sur les yeux de l'autre

     

    Deviner la signification de leur éclat

     

    Lire le futur immédiat plus loin que la pupille

     

    Vouloir dire beaucoup de choses, mais retenir son envie

     

    Serrer les lèvres

     

    Permettre que circulent les idées sans qu'elles sortent à l'extérieur

     

    Augmenter l'espace entre les questions et les réponses

     

    Laisser les muscles se dessiner sur le visage

     

    Attendre un signe

     

    Maintenir la respiration. Penser que l'autre aussi pense

     

    Analyser, espérer

     

     

    L'économie de paroles:

     

     une vertu qui n'est pas l'alpanage des religieuses cloîtrées

     

    Un jeu que pratiquent ceux qui savent faire les fous

     

    Ceux qui comprennent que toutes les questions méritent une réponse

     

    Que la solution n'est pas toujours d'ouvrir la bouche

     

    Pourquoi tout dire ?

     

    Pourquoi ne pas conserver en soi un peu de ce que l'on pense ?

     

    Pourquoi ne pas convertir secret quelques unes des idées qui font leur apparition

     

    sans préavis, au moins avec l'illusion que le temps la mûrisse et la transforme

     

    en idée plus durable ?

     

    pourquoi ne pas comprendre, au moins une fois ,

     

     que la parole n'est pas aussi rapide que la pensée et que tout ce que l'on trouve

     

    dans l'esprit ne peu se convertir en paroles ?

     

    Comprendre que l'on peut aussi parler par gestes

     

    Que le silence...parfois devient un cri

     

    On garde le silence dans les hôpitaux, les veillées funèbres les actes solennels

     

    On garde le silence par pudeur, par respect, par douleur

     

     

    Apprendre à se taire sans autre motif que sa propre volonté

     

    Se taire pour écouter

     

    Se taire pour regarder

     

    Se taire pour apprendre

     

    Se taire pour se taire

     

    Se taire pour convertir le silence en complice

     

    Se taire pour savoir si un écho existe

     

    Se taire parce que tout ce qui ne nous convient pas d'écouter,

     

     nous le disons à l'oreille, dans l'intimité d'une confession,

     

     avec le volume d'un cri, avec l'accent des grandes révélations.

     

    Se taire pour comprendre que le silence est le masque des sons les plus beaux.

     

    Manier le silence est plus difficile que de manier la parole

      
      
    CLEMENCEAU
     

     

     


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    Le trésor incomparable de la compassion 

     

     

     

    La compassion est la source de toute vie car elle est la nature de Bouddha, présente en chaque être sensible comme un trésor inépuisable.

     

     

     

    La compassion est le trésor que partagent tous les être sensibles

    La compassion est le fondement du bouddhisme,

    mais la compassion n'est pas pour autant le domaine réservé des bouddhistes.

     C'est un trésor commun que partagent tous les êtres sensibles.

    Parce qu'il y a de la compassion en ce monde, la vie est pleine de sens.

     Alors que nous subissons les épreuves et les tribulations de la vie,

    la compassion nous inspire des visions innombrables.

     

     

    L'esprit de compassion est la source intarrissable de toute vie,

     parce que la compassion est la nature de Bouddha.

     Les êtres sensibles peuvent atteindre la nature de Bouddha grâce

    à la compassion.

    La compassion est aussi la vertu de base de notre humanité,

    car on peut manquer de tout mais avoir quand même de la compassion.

     Inspirées par la compassion, nos paroles et actions sont pareilles au soleil,

     à l'eau fraîche ou à une jolie fleur, donnant au monde lumière, pureté et joie.

     

     

    La compassion ne se réduit pas à la simple sympathie.

    Si nous nous levons pour combattre au nom de la vérité et la justice, contre

    l'oppression ou pour la vérité qui se trouve bafouée et attaquée, alors nous

    agissons courageusement et nous pratiquons la vraie compassion.

     Pratiquer la compassion exige de la sagesse parce qu'il ne s'agit pas d'une

     simple pensée bienveillante ; on aide autrui en étant sage et raisonnable.

     

     La compassion ne consiste pas seulement à suivre la foule, mais à servir les

    autres en défendant des points de vue et des pensées justes.

     Il ne s'agit ni de s'efforcer égoïstement d'être utile à ses amis et sa famille,

     ni de rechercher des faveurs.

    Le plan le plus élevé de compassion doit être parfaitement désintéressé

     et impartial.

     

     

    La compassion, une éthique altruiste

     

    La compassion est la mise en pratique authentique de notre éthique, en aucun

     cas l'aune avec laquelle nous mesurons les autres.

    Elle ne se limite pas à des paroles aimables d'éloges et encouragement.

     Parfois les circonstances peuvent exiger que l'on fasse valoir de l'autorité,

     afin de triompher des atrocités qui se commettent.

     C'est plus difficile, mais c'est néanmoins une pratique de grande compassion.

     Dans la société contemporaine, un grand nombre de personnes se méprennent

     sur le sens de la compassion et, en réduisant le pardon et la magnanimité à la

     permissivité et l'indulgence, détruisent l'ordre social.

     

    La compassion est parfois mal appliquée, d'une manière dégénérée, pouvant

    même favoriser ou provoquer la criminalité.

    Si, par exemple, on libère au hasard des animaux, cela peut causer leur mort ;

     si on distribue arbitrairement de l'argent, on peut encourager la cupidité.

     C'est pourquoi la pratique de la compassion doit être dirigée par la sagesse ;

     autrement de bonnes intentions seront complètement détournées de leur but.

     

    La compassion ne doit pas être statique, elle s'inscrit dans le mouvement d'une

    perpétuelle sublimation de l'attitude altruiste et bienveillante.

     Le Sûtra de l'ornementation fleurie des bouddhas* dit :

     « Notre seul voeu est de libérer tous les êtres sensibles de la souffrance,

     sans espérer la sérénité pour nous-mêmes. »

    La vraie compassion consiste donc à vouloir se charger des soucis des êtres du

    monde en se réjouissant du bonheur de tous.

     

    Il y a dans ce monde beaucoup de rêves qui ne se réalisent pas et, quand nous

     pratiquons la compassion, il arrive que nous aussi nous sentions

    à bout de force.

     Pourtant, seule la compassion peut rétablir la paix et l'harmonie au coeur du

     conflit ; seule la compassion peut créer l'affinité nécessaire au succès de

     toutes actions et entreprises humaines.

     

     La compassion est véritablement le trésor inépuisable de la vie !

     

     

     
    Maître Hsing Yun

     


     


     


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    La compassion et la vie

     

     

    Soi-même,

    sa propre personne est une identité apparente

     qui n'a de sens que pris globalement en relation

    avec tous les autres êtres animés et inanimés de l'univers.

    Si un individu se considère comme un être à part,

     un microcosme indépendant,

    il va s'enfermer dans l'égocentrisme et risque de perdre tout contact

    avec le reste de l'environnement, de son origine.

    Il glisse ainsi insidieusement vers le cloisonnement,

    l'isolement puis vers la souffrance.

    Pourtant dès la naissance, l'Homme reçoit un nom et prénom.

    C'est un paradoxe de la part des parents

    ou de ses proches que de vouloir l'identifier à tout prix.

    On lui apprend à prononcer le ‘je', à user et à abuser du ‘moi',

     à nourrir son corps, à le défendre

    et à le mettre au premier plan envers et contre tout.

    Il finira ainsi par croire que les cellules de son corps

     et les gènes qui s'y trouvent lui sont propres.

    Il ne peut donc être que différent des autres.

     En toute logique, on devrait le considérer comme une entité à part,

     oubliant de ce fait que nous sommes tous constitués des mêmes éléments de base,

     azote, hydrogène, oxygene et carbone.

     En l'incitant ainsi à penser toujours à soi-même

    il finira par devenir égoïste, narcissique.

    Il va oublier ce fait évident qu'on existe que dans le regard des autres,

     sinon  qui ira lui dire qui est-il ?

     On lui donne l'impression que le monde gravite autour de son nombril,

    que sans lui il n'y aurait point de repère.

    Cependant il faut bien soulever la question de savoir

     à quoi correspondre ce soi-même ?

    Avec le développement embryonnaire depuis la fécondation

     des gamètes mâle et femmelle, ovule et spermatozoïde,

    jusqu'à la formation du fœtus à trois mois de vie in-utero,

    nous sommes un assemblage de systèmes

    (cardio-vasculaire, digestif, neuro-musculaire, uro-génital et encéphalique)

    enveloppé dans un sac cutané, avec une certaine forme,

     une certaine identité à la manière d'une automobile

    de modèle et de couleur différente

    ou d'un bateau d'aspect et de tonnage divers

     mais possédant le même fond intérieur,

    la même mécanique...

     A ces éléments physiques, s'associe un élement central intégrateur,

    qui est son Soi mental responsable de la gestion de tout,

     à la manière d'un conducteur d'automobile,

     d'un commandant de navire, d'un chef d'entreprise...

    Pour faire fonctionner et guider cette entité, cette identité,

    nous serons bien obligés à se référer aux éléments autour de nous,

    surtout devant nous,

     comme un automobiliste devant sa pare-brise pour conduire.

    Imaginons la catastrophe si ce dernier ne regarde

     que son nombril tout en conduisant !

     Nous sommes comme une machine mais avec cette différence

    avec les animaux est que nous sommes pourvus d'un pouvoir de décision.

    Si elle est bonne, nous sommes heureux,

     mauvaise et nous en souffrons,

     bonne si notre Soi est intégré dans le tout,

     mauvaise si nous croyons que notre Soi est unique.

    Faut-il dans ce cas éliminer notre Soi, sacrifier notre identité,

     notre personnalité pour se mettre au service des autres ?

    Le but ultime de l'homme serait-il le dévouement total à la communauté ?

    Une telle opinion serait également erronée

    car malgré notre base biologique commune,

     il ne faut pas oublier que nous sommes génétiquement différents

    les uns des autres,

     depuis la première division cellulaire de l'œuf fécondé

    dans son sac gestationnel.

    Dans l'utérus de notre mère,

     chacun de nous reçoit un nutriment différent,

     s'imprègne d'une ambiance différente.

    On conçoit ainsi que les êtres humains ne puissent

     jamais se ressembler totalement.

    Nous sommes semblables car pourvus de deux yeux,

    deux oreilles, un nez, une langue, un cerveau,

    mais nous ne sommes pas identiques car nous ne sommes

    jamais constitués en même temps et de la même manière.

    De ce fait il est évident qu'il nous faut un effort de rapprochement

    pour conserver une bonne homogénéité.

    Conscients de notre différence les uns par rapport aux autres,

     nous devrions nous prendre en considération convenablement,

     afin de mieux réaliser l'harmonie avec nos semblables.

    Ainsi se nourrir et respecter une bonne hygiène de vie

     serait notre premier devoir.

    Un individu qui tombe malade par négligence

    et se retrouve à la charge d'autrui serait fautif d'abus de confiance.

     La compassion vis-à-vis de soi-même consiste donc à veiller

     à ce qu'il n'oublie jamais son appartenance à un ensemble,

    à un tout sans lequel il ne serait rien,sans aucune valeur réelle.

     En dehors de cette considération, tout est fictif et illusoire,

    tout ne serait que le produit de son esprit et de son imagination.

    Pourtant avec les impératifs de la vie,

     l'homme est obligé de lutter,  de s'adapter.

    Il s'oblige à l'apprentissage ou à l'adaptation.

    Ce temps d'adaptation en fait ne se termine jamais.

    Il est permanent, indéfini car il doit répondre à l'impermanence des choses.

    Il est ainsi obligé à surveiller ses faits et gestes.

    Cette conscience comportementale forcement égocentrique

     va amener notre conscience,

    notre mental à se fixer sur soi-même et à oublier l'environnement.

     Ainsi l'homme est certes bon à la naissance mais la vie durant,

    avec tous ses besoins il va être amené à devenir égocentrique.

    Il va penser par habitude à soi-même.

    Quand il regarde les autres,

    souvent il ne pense que selon lui et pour lui.

     Il va avoir peur de perdre,

    de manquer et c'est le début de l'attachement, de l'accumulation,

     de la cupidité c'est à dire de la souffrance.

    Cette angoisse de la vie se met en place progressivement depuis la naissance,

     lorsque le nouveau-né quitte le ventre de sa mère.

    Son premier cri sera un cri de panique.

    Sa première inspiration,

     son premier bol d'air certes vont le remplir de vie

    mais ils vont aussi commencer à charger son corps

    et son âme des malheurs de cette vie.

    Compatir à soi-même reviendrait à se défaire de ces mécanismes

    d'apprentissage à contre sens.

    Il faudrait qu'il se souvienne, qu'il réalise que la bonne communication,

    celle qui permet d'éviter les désagréments, la souffrance,

     se fera de soi à autrui.

    Toute tentative de garder pour soi,

     secret biens savoir-faire ne pourra que surcharger son fardeau.

     Par ailleurs il a toujours su que tout ce qu'il possède

    n'aura plus aucune valeur le jour de sa mort.

    En ouvrant son soi aux autres,

    nous pouvons l'asseoir sur un ensemble d'êtres plus stable.

     Cette ouverture faciliterait aussi une meilleure intégration par la suite.

    Dans le cas contraire il faut assumer soi-même tout le poids de son équilibre,

     sans aucun repère, dans l'insuffisance de ses limites.

     Nous voyons bien que la vanité mène à l'aveuglement,

     l'humilité est le début de la sagesse

     et de la reconnaissance de la nature véritable de son soi.

    Pour combattre cette tendance égocentrique

    qui se met en place depuis l'origine,

    il ne faut pas non plus tomber dans l'excès inverse,

    dans l'ascétisme hindouiste

    ou comme avec une certaine pratique spirituelle chrétienne d'autoflagellation.

    Compatir à soi-même reviendrait donc à toujours se rappeler

     que la seule voie de libération possible ne peut être

     que celle de l'altruisme, de la générosité et de l'abstraction de soi.

     La compassion vis à vis de soi-même consiste donc

    à empêcher la mauvaise orientation de ses pensées,

     à surveiller l'éclosion de ses émotions,

     qui ne cessent de surgir à chaque instant,

    à chacune de nos réactions aux phénomènes de la vie.

    Il faut bien comprendre que son soi n'est pas une entité propre

     sinon nous tombions dans le piège de son imagination.

    De ce fait il est parfaitement futile et illogique de s'acharner

    à vouloir l'effacer, le martyriser,

     dans l'espoir d'accéder à la bonne voie, le bonheur

    . Ce serait tomber d'un extrême à un autre.

    Le soi raisonnant est l'esprit.

    L'esprit ne peut être qu'une réaction à notre environnement.

    C'est en le gardant en harmonie avec les autres

    que nous nous détacherons du poids de la souffrance.

     Cette souffrance n'est rien d'autre que ce sentiment d'égarement,

    d'angoisse qui ne cesse de nous tirailler.

    L'angoisse est le propre de l'homme, de celui qui souffre.

    Se libérer de l'angoisse est le but de la vie, le rêve de tout un de nous.

    En cas de blocage certain a même recours au médicament anxiolytique,

     tranquilisant, espérant trouver une solution aux problèmes.

     Mais il faut toujours se rappeler que l'angoisse

     n'est qu'une création de l'esprit.

     Le médicament pour être efficace devrait aider l'individu

    à prendre conscience de la relativité des choses.

    Il n'est qu'un moyen et ne peut en aucun cas se substituer

    à soi pour trouver la solution définitive.

     Cette dernière ne peut venir que de soi-même.

    Le bouddhisme a toujours insisté sur le travail à réaliser sur soi-même,

     par la pratique de la méditation.

    C'est dans le calme de l'esprit que l'homme peut observer la formation,

     la déformation et la cessation de ses pensées.

    Sortir des zônes de souffrance avec la turbulence de la vie,

     est l'espoir de tous les êtres de l'univers.

     Nous croyons tous au bonheur, au paradis, au nirvana.

     Compatir à soi-même consiste donc à aider l'individu à garder sa vraie place,

     à bien orienter son esprit ou à le remettre dans le bon sens

    en cas d'égarement.

    Cependant il peut sembler toujours contradictoire de parler de compassion

     vis-à-vis de soi-même.

    A première vue, tout sentiment envers soi-même releverait de l'égoïsme.

    Cette conscience de soi vient de ce moi qui bouge, qui marche,

    qui mange, qui dort.

    Du fait de ses faits et gestes, il prend conscience des autres.

     Ainsi sans cette conscience de soi, les autres ne pourraient exister.

     Puisque nous sommes tous interdépendants, tout deviendrait relatif.

    Sans cette notion de soi, il serait impossible pour un être humain

    d'expérimenter le malheur ou le bonheur.

    Il sera comme un animal, une plante, se contentant d'exister

     et d'obéir à la loi universelle, le dharma, sans état d'âme.

     Le Soi cependant n'est pas tout à fait une entité illusoire.

     C'est l'idée qu'on a d'un Soi permanent et indépendant qui est illusoire.

    Illusoire si on le croit d'une certaine valeur réelle, tangible ;

     illusoire si on le croit différent du reste du monde.

     Comme le centre n'a de sens que couplé à un cercle.

    Sans le périmetre, ce dernier n'est qu'un point parmi tant d'autres.

    Le Soi sert aussi de référence dans toute communication

     entre différents acteurs de l'univers.

    Isoler le soi comme dans l'égocentrisme revient à lui en couper toute liaison.

     Ce soi nous permet d'apprécier ou mieux d'appréhender le monde.

    De la qualité de son observation, de sa perception, de sa compréhension

    conception, dépend la bonne marche, la bonne harmonie du monde.

    Si le Soi est pourvu de toutes les qualités requises

    comme un bon chef d'orchestre avec ses meilleurs éléments,

    on aurait la meilleure musique jamais imaginée, le vrai chant de la nature.

     Dans le bouddhisme,

     ce soi et sa conscience font partie des cinq agrégats ou

     skandhas qui constituent l'identité de l'être humain.

    Mais il faut immédiatement insister sur son caractère hautement labile,

     dépendant des conditions d'apparition.

    De ce fait il est non existant dans l'absolu du fait de l'impermanence

     et de l'interdépendance de toute chose, il est donc illusoire.

    C'est avec la bonne compréhension de ce Soi qu'on accède ou non à la vacuité.

     Les phénomènes de la vie dont le bonheur,

     le malheur ne peuvent être évoqués qu'en présence du Soi.

    Si le Soi parvient à s'intégrer à l'ensemble de la nature,

    les phénomènes s'évanouissent instantanément faute de partenaire.

    Le dualisme a disparu.

    C'est le retour à l'unique, le vrai nirvana ou le vrai paradis,

     avec absence de souffrance, le bonheur n'étant plus indispensable.

    Ainsi le vrai problème n'est pas d'éliminer son Soi.

    Il consiste surtout à mieux le guider, à mieux orienter son regard,

    à mieux déployer ses antennes de perception.

    Tel un guetteur des voiliers des temps anciens,

    suspendu en haut sur le mas ou un éclaireur dans les opérations militaires

     ou un explorateur,

    le Soi et son esprit doivent être constamment à l'écoute,

     à observer ses alentours.

     On ne peut conduire un bus en regardant ses pieds.

     De même les yeux ne peuvent se regarder entr'eux,

     on ne peut voir en même temps dehors et dedans.

    On ne peut vivre non plus raisonnablement en s'isolant entre les quatre murs.

     Pourtant c'est ce que font actuellement les gens,

    et ce malgré le formidable développement des moyens de communication.

    Peut-être le tort dans notre monde dit de progrès vient du fait

    que nous privilégions les phénomènes dits concrets,

    des preuves objectives, perceptibles par nos organes de sens.

    On exige des images concrètes pour les yeux,

    des sons audibles pour les oreilles,

     une odeur nette pour le nez,

     un goût identifiable par la langue,

     une sensation palpable pour le toucher.

    Noyé dans ce déluge de sensations et étouffé par le mirage du média,

    l'esprit s'accroche à son identité, à ses sentiments,

    croit détenir la vérité et se laisse glisser insensiblement dans la mauvaise voie.

    Les sensations donnent naissance à des émotions qui à leur tour

     nous entraînent dans des perturbations avec des hauts et des bas

    comme ces vagues dans l'océan qui apparaissent puis disparaissent,

     qui montent et qui descendent,

    dans un flux et un reflux incessant, permanent, infini.

    La vie sera ainsi toujours superficielle, comme ces remous de surface,

    variantavec les caprices du vent, ballottante, changeante, indéfinissable,

     mais toujours loin de la sérennité des profondeurs.

    La compassion pour le Soi consiste à toujours rappeler à l'individu

    que son véritable origine, le vrai but de sa destinée ne peut être

    qu ‘avec tous les facteurs environnants, ensemble, dans l'harmonie,

    le partage et le respect de tous.

    Il est très curieux de constater que l'homme dès la naissance a un

    comportement qui laisse entendre qu'il va vers son auto destruction.

    Il mange sans s'assouvir, se laisse toujours emporter

    par l'engouement de ses sens.

     Cette forme d'autosuicide se retrouve dans sa passion pour la vitesse,

     sa tendance belliqueuse.

    Il est sans cesse attiré vers la mort tout en niant,

    en ne voulant pas y penser.

     Cette attitude témoigne d'une déconnnection entre

     son esprit et les réelles sensations de son corps.

    Peut-on dire que l'homme soit foncièrement négatif ?

     Auto destructeur ?

     Est-il comme une batterie qui ne fait que se décharger progressivement ?

     Le bouddhisme est conscient du poids de ce penchant négatif de l'homme,

     pessimiste, suicidaire.

     Il connaît aussi la tendance naturelle à la paresse,

     au moindre effort et à la facilité d'un grand nombre d'individus.

    Il reconnaît que l'homme préfère souvent descendre la pente des montagnes

     que de l'escalader, pour atteindre le sommet,

    là où nous pouvons tout voir, mieux réaliser.

     Il relie ce fait à la notion de karma,

     cette absence de volonté de se libérer du cycle des renaissances, le samsara.

    Afin d'échapper à ce cycle infernal,

     il recommande la pratique de la méditation

     qui permet de mieux contrôler le fonctionement de l'esprit,

    de limiter le débordement affectif,

     émotif qui pourrait avoir une mauvaise influence dans toute prise de décision

    de nos actes et dans notre mode de pensées.

    La méditation permet aussi d'observer la genèse et l'évolution de nos sens

     et nous évite de tomber dans le piège des illusions.

     L'église chrétienne a d'emblée reconnu le mauvais penchant de l'homme,

     le péché originel d'Adam

     qui à travers la désobéissance d'avoir mangé la pomme, cache l'orgueil,

    première étape de la remise en question de la suprématie de Dieu.

    Elle s'emploie à le reconduire vers la foi au Créateur

     par la pratique des sacrements, de la charité envers ses semblables démunis.

    Le seul moyen pour unir les gens entr'eux est de leur rappeler la même origine

    et le même destin de tous les êtres.

     Si dans la nature, tout le monde se tourne vers le soleil,

     qu'il soit plantes fleurs homme ou animaux,

     si souvent nous levons les yeux au ciel chaque fois

    nous avons une demande à faire, un problème à résoudre,

     un souhait à formuler,

     ne serait-ce pas là la preuve de notre appartenance

    à une seule et même origine ?

     La compassion envers Soi même consiste donc à lui conserver cet aspect

    unitaire hors du quel nous ne serions rien, c'est à dire purement imaginaire.

    Chaque fois que nous avons une impression de,

    que nous éprouvons une impression de, il faut toujours veiller à sa provenance.

     Si elle est issue de soi même envers son interlocuteur,

    nous risquons de lui coller un point de vue

    qui ne serait peut-être pas la sienne.

    Il faut toujours veiller à notre bonne compréhension d'autrui

     dans un esprit de détachement, d'impartialité et de dévouement.

    C'est la Compassion et le vrai Soi.

     

     

     

     

     

     

    Nguyen Son Hung

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    L'instant d'aimer

     

     

    Quels sont les liens entre amour et compréhension ?

    Il s'agit avant tout de bien s'entendre sur les termes :

     qu'est-ce qu'un véritable amour etcomment y accéder ?

     Voici un enseignement de Thich Nhat Hanh qui nous éclairera.

     

      

     LA COMPRÉHENSION

     

     

    La compréhension et l'amour ne sont pas deux choses distinctes

     mais une seule et même chose.

     Imaginez que votre fils se réveille un matin

    et s'aperçoive qu'il est déjà tard.

     Il décide de réveiller sa petite sœur,

    afin qu'elle ait le temps de prendre son

    petit déjeuner avant de se rendre à l'école.

    Il se trouve qu' elle est de mauvaise humeur et qu'au lieu de dire :

    « Merci de m'avoir réveillée »,

    elle dit :

     « Tais-toi ! Laisse-moi tranquille ! » et lui donne un coup.

    Il va probablement se fâcher, pensant :

     « Je l'ai gentiment réveillée. Pourquoi donc m'a-t-elle frappé ? » .

    Il aura peut-être envie de venir dans la cuisine vous en parler,

     ou même de lui rendre son coup.

    Mais alors il se souvient que sa sœur a beaucoup toussé pendant la nuit

     et il se dit qu'elle doit être malade.

     Elle s'est peut-être comportée ainsi à cause de cela.

     A ce moment précis, il comprend et n'est plus fâché du tout.

    Lorsque vous comprenez, vous ne pouvez vous empêcher d'aimer.

    Vous ne pouvez plus vous fâcher

     Pour développer la compréhension,

     il faut vous exercer à regarder tous les êtres vivants

    avec les yeux de la compassion.

     Comprenant,

     vous ne pouvez pas vous empêcher d'aimer et, aimant,

     vous agissez naturellement de manière à soulager la souffrance de l'autre.

     

    L'AMOUR VRAI

     

    Il nous faut vraiment comprendre la personne que l'on veut aimer.

    Si notre amour n'est que désir de possession,

    ce n'est pas de l'amour.

    Si nous ne pensons qu'à nous-mêmes,

     si nous ne reconnaissons que nos propres besoins et ignorons ceux de l'autre,

    nous ne pouvons aimer.

    Nous devons regarder profondément afin de voir

    et comprendre les besoins,

     les aspirations et la souffrance de la personne qu'on dit aimer.

    C'est cela le fondement du véritable amour.

    Il est impossible de ne pas aimer quelqu'un qu'on comprend vraiment.

    De temps à autre,

     asseyez-vous près de l'être aimé, prenez sa main et demandez :

     « Mon amour, est-ce que je te comprends assez ?

     Ou est-ce que je te fais souffrir ?

    Je te prie de me le dire afin que je puisse

    apprendre à t'aimer de façon juste.

    Je ne veux pas te faire souffrir et si je le fais à cause de mon ignorance,

    je te prie de me le dire afin que je puisse t'aimer mieux

    et que tu sois heureuse. »

     Si vous dites cela sur un ton qui transmette une véritable ouverture

    à lacompréhension,

     l'autre se mettra peut-être à pleurer.

    C'est bon signe,

     car cela signifie que la porte de la compréhension s'ouvre

    et que tout sera à nouveau possible.

    Un père peut ne pas avoir le temps ou ne pas être assez courageux

    pour poser une telle question à son fils.

    Alors l'amour entre eux n'aura pas la complétude qu'il pourrait avoir.

    Nous avons besoin de courage pour poser ces questions

    et si nous ne les posons pas,

    plus nous croyons aimer plus nous risquons de détruire

    ceux que nous essayons d'aimer.

    Le véritable amour a besoin de compréhension.

    Avec la compréhension,

    l'être aimé s'épanouira sans aucun doute.

     

    MÉDITATION SUR LA COMPASSION

     

     

    L'amour est un état d'esprit qui apporte paix, joie et bonheur.

    La compassion est un état d'esprit qui ôte à l'autre sa souffrance.

     Chacun de nous porte en soi les graines d'amour et de compassion

    et peut développer les merveilleuses sources de leur énergie.

    Nous pouvons nourrir l'amour inconditionnel,

    qui n'attend rien en retour et donc ne génère ni anxiété ni souffrance.

    L'essence de l'amour et de la compassion est la compréhension,

    la capacité de reconnaître

     les souffrances physiques, matérielles et psychologiques d'autrui,

    de nous mettre dans la peau de l'autre.

    Nous pénétrons son corps, ses sentiments

    et ses formations mentales et ressentons en noussa souffrance.

    L'observation extérieure creuse, faite en étranger,

    ne suffit pas à la déceler.

    Nous devons ne faire qu'un avec l'objet de notre observation.

    Étant en contact avec la souffrance d'autrui

    il naît en nous un sentiment de compassion.

    Être compatissant veut littéralement dire souffrir avec.

    Nous commençons par choisir comme objet de méditation

    une personne soumise à des souffrances physiques ou matérielles,

    quelqu'un qui est faible et facilement malade,

     pauvre ou opprimé, ou sans protection.

    Ce type de souffrance est facilement décelable.

    Ensuite nous pouvons nous exercer à rentrer en contact

     avec des formes de souffrances plus subtiles.

    Ces personnes ne peuvent pas du tout avoir l'air de souffrir,

     mais nous pouvons remarquer

    chez elles des souffrances ayant laissé des traces cachées.

    Ceux qui possèdent matériellement plus que le nécessaire souffrent également.

    Nous regardons en profondeur la personne

    qui est l'objet de la méditation sur la compassion,

     pendant la méditation assise et après, étant réellement en contact avec elle.

    Nous devons nous accorder suffisamment de temps pour arriver à un contact

     vraiment profond avec sa souffrance

    et poursuivre l'observation jusqu'à ce que la compassion naisse

    et se répande en notre être.

    Le fruit de ce type d'observation profonde, de méditation,

    se transformce tout naturellement en action.

    Nous ne nous contenterons pas de dire,

    « J'aime beaucoup cette personne »,

     mais dirons aussi :

     « J'agirai de sorte qu'elle souffre moins. »

     Il n'y a d'esprit de compassion véritable

    que celui qui incite à soulager la souffrance d'autrui.

      Nous devons trouver des façons de nourrir et d'exprimer notre compassion.

    Quand nous entrons en contact avec quelqu'un,

     nos pensées et nos actes doivent véhiculer notre compassion,

    même si cette personne dit et fait des choses difficiles à accepter.

    Nous nous exerçons à la compassion jusqu'au moment où nous voyons clairement

     que notre amour pour l'autre ne dépend en rien de son amabilité.

    Si tel est le cas,

     nous savons que notre esprit de compassion est fort et authentique.

    Nous serons nous-mêmes plus à l'aise

    et la personne qui a été l'objet de notre méditation

    finira par en bénéficier.

    Sa souffrance diminuera lentement et sa vie,

    grâce à notre compassion,

     sera progressivement plus radieuse et plus joyeuse.

    Nous pouvons également méditer sur la souffrance de ceux

     qui nous font souffrir.

    Quiconque fait souffrir souffre indubitablement aussi.

    Il suffit que nous soyons attentif à notre respiration

    et que nous regardions profondément

    pour que la souffrance de quelqu'un nous devienne perceptible.

    Ses difficultés et ses peines peuvent avoir été engendrées en partie

    par la maladresse de ses parents alors qu'il était enfant.

    Mais ses parents peuvent à leur tour avoir été victimes

    de leurs propres parents ;

     la souffrance s'est transmise de génération en génération

    et s'est finalement incarnée en lui.

    Si nous percevons ce processus,

     nous ne lui reprocherons plus de nous faire souffrir,

     ayant compris que lui aussi est une victime.

    Regarder profondément donne la compréhension.

     Et une fois comprises les raisons pour lesquelles il s'est mal comporté,

    notreressentiment disparaîtra et nous aspirerons à le voir souffrir moins.

     Nous nous sentirons calmes et légers et nous sourirons.

    L'autre n'a pas besoin d'être présent pour la réconciliation avec nous-mêmes.

    Le fait de regarder en profondeur suffit à l'engendrer.

    Et le problème cesse aussitôt d'exister.

     Un jour ou l'autre cette personne découvrira notre attitude

    et partagera le pouvoir régénérateur du flot d'amour

    qui s'épanche de notre cœur.

    L'esprit d'amour apporte paix, joie et bonheur à nous-mêmes et à autrui ;

    l'observation attentive est l'élément qui nourrit l'arbre de la compréhension

    dont les plus belles fleurs sont l'amour et la compassion.

    Pour réaliser l'esprit d'amour nous devons aller vers la personne

    qui a fait l'objet de notre observation,

    de sorte qu'il ne reste pas seulement un fruit de notre imagination

    mais devienne source d'énergie capable d'abreuver le monde.

    Méditer sur l'amour ce n'est pas se contenter de rester assis sans bouger

    à visualiser notre amour qui se répand dans l'espace,

    comme des ondes sonores et lumineuses.

    De même que le son et la lumière pénètrent partout,

    ainsi le font l'amour et la compassion.

     Mais si notre amour est purement imaginaire,

     il y a peu de chance qu'il ait quelque réel pouvoir.

    C'est dans la vie quotidienne même et le contact réel avec autrui

    que nous pouvons tester l'esprit d'amour,

    savoir s'il existe vraiment et évaluer son degré de stabilité.

    L'amour réel est visible dans notre vie courante,

    dans notre comportement vis-à-vis d'autrui et du monde.

    L'amour prend sa source profondément en nous

    et nous pouvons aider autrui à être très heureux.

    Une parole, un acte ou une pensée ont le pouvoir de réduire la souffrance

     de quelqu'un et lui donner la joie.

    Une parole peut apporter réconfort et confiance, détruire le doute,

    éviter à quelqu'un de commettre une erreur,

    résoudre un conflit ou ouvrir la porte de la libération.

    Un geste peut sauver la vie de quelqu'un

    ou lui permettre de saisir une occasion rare.

    Et il en est de même d'une seule pensée,

    car toute pensée conduit à parler et à agir.

    Si l'amour est dans notre cœur,

    chaque pensée parole ou acte peut opérer un prodige.

    La compréhension étant le fondement même de l'amour,

     les paroles et les actions qui en procèdent sont toujours d'une grande aide.

     

     

    LE SOLEIL MON COEUR

     

     

    Nous savons que si notre cœur s'arrête de battre

     la vie cessera d'y couler, donc nous le choyons.

     Mais nous prenons rarement le temps de regarder que d'autres éléments,

     mais extérieurs, sont également essentiels à notre survie.

    Voyez l'immense source lumineuse appelée soleil.

    S'il cessait de luire, notre vie cesserait elle aussi,

     le soleil est donc un deuxième cœur pour nous,

     mais extérieur à notre corps.

     Ce cœur immense apporte la chaleur nécessaire à toute vie sur terre ;

     sans lui rien ne pourrait exister.

     Les plantes vivent grâce au soleil.

    Leurs feuilles absorbent son énergie, comme le dioxyde de carbone de l'air,

    pour nourrir l'arbre, la fleur, le plancton.

    Et les plantes rendent possible la vie humaine et animale.

    Tous nous, les êtres humains, les animaux et les plantes

    consommons de la lumière solaire, directement ou indirectement.

    Il serait trop long de décrire tous les effets du soleil,

    ce grand cœur à l' extérieur du corps de l'homme.

    Notre corps n'est pas seulement la forme délimitée par la peau.

     Il est bien plus vaste.

    Il inclut même la couche d'air autour de notre planète ;

    car si l'atmosphère disparaissait rien que pour un instant,

     notre vie prendrait fin.

     Chaque phénomène dans l'univers nous concerne,

     du caillou au fond de l'océan jusqu'au mouvement des galaxies,

    distantes de la Terre de millions d'années lumière.

    Walt Whitman a écrit

    « Je pense qu'un brin d'herbe ne compte pas moins

    que le labeur des étoiles... ».

    Ce n'est pas là de la philosophie.

     Ces mots sont nés au tréfonds de son âme.

    Il adit aussi :

    « Je suis vaste, je contiens des multitudes. »

     

    NOURRIR LA VIGILANCE

     

     

    Assis à table et voyant notre assiette

    pleine de nourriture qui sent bon, appétissante,

    nous pouvons nourrir notre conscience de l'amère douleur de ceux qui ont faim.

    Quarante mille enfants meurent chaque jour de faim

    et de carence d'éléments nutritifs.

    Chaque jour.

    Ce chiffre nous choque chaque fois que nous l'entendons.

    Regardant profondément dans notre assiette,

    nous pouvons « voir » notre mère, la Terre,

     les paysans et la tragédie de la faim et de la malnutrition.

    Nous qui vivons en Amérique du Nord ou en Europe,

    nous sommes habitués à manger des céréales

    et autres aliments importés du Tiers-Monde,

     le café de la Colombie, le chocolat du Ghana

    ou le riz aromatique de Thaïlande.

     Nous devons savoir que les enfants de ces pays-là,

     hormis ceux des familles riches,

    ne voient jamais ces produits chez eux.

    Ils ne mangent que des produits de second ordre,

    les plus délicieux étant réservés à l'exportation

    pour faire rentrer des devises.

    Il y a même des parents qui, n'ayant pas les moyens de nourrir leurs enfants,

    doivent se résigner à les vendre comme domestiques à des familles qui,

    elles,ont de quoi les nourrir.

     Avant les repas,

     nous pouvons joindre les paumes des mains dans un geste de pleine conscience

    et penser aux enfants qui n'ont pas de quoi manger.

    Ce geste nous aide à nous maintenir conscient de notre chance,

     et peut-être un jour trouverons-nous des moyens pour contribuer

    à changer le système d'injustice qui règne dansle monde.

    Dans nombre de familles de réfugiés,

     un enfant lève son bol de riz et dit plus ou moins ceci :

     « Aujourd'hui, sur la table, il y a beaucoup de mets délicieux.

    Je suis reconnaissant d'être ici avec ma famille à pouvoir les apprécier.

    Je sais qu'il existe tellement d'enfants moins chanceux qui ont très faim ».

     Étant un réfugié, il sait, par exemple,

    que la plupart des enfants thaïs n'ont jamais l'occasion de contempler

    ce bon riz qui pousse dans leur pays et qu'il est sur le point de manger.

     Il est difficile d'expliquer aux enfants des pays « sur-développés »

    que dans le monde beaucoup d'enfants sont privés d'une nourriture si belle

     et si nourrissante.

    Avoir conscience de ce fait suffit à dépasser

     nombre de nos souffrances psychiques.

    Notre méditation peut finalement nous permettre de voir la nature

    de l'aide à apporter à ceux qui sont tellement démunis.

     

    L'ÉCOLOGIE DE L'ESPRIT

     

    Nous avons besoin d'harmonie, de paix.

     La paix est fondée sur le respect de la vie,

    la vénération profonde de la vie.

    Mais outre la vie humaine, nous devons respecter la vie animale,

     végétale et minérale.

    Les rochers peuvent être dotés de vie. On peut détruire aussi la Terre.

     La dégradation de notre santé est liée à la destruction du monde minéral.

    La manière de cultiver la terre, le traitement des ordures,

     tout cela est inter-relié.

    L'écologie doit être profonde, et non seulement profonde, mais universelle,

     car ce sont les consciences qui sont polluées.

    La télévision, par exemple, nous pollue et pollue nos enfants.

    Elle sème des graines de violence et d'inquiétude dans l'esprit de nos enfants

    et dégrade leur conscience,

     de la même manière que les produits chimiques et les arbres que l'on coupe

    détruisent l'environnement.

    Nous devons protéger l'écologie de l'esprit,

    sinon la violence et l'insouciance dans ce domaine continueront à déborder

    dans bien des domaines de la vie.

     

    LA RÉCONCILIATION

     

     

    Que faire quand nous avons blessé quelqu'un

     qui nous considère maintenant comme son ennemi ?

     La personne peut appartenir à notre famille,

     à notre communauté ou à un autre pays.

     Je pense que vous connaissez la réponse.

    Il faut commencer par prendre le temps de dire :

     « Je suis désolé, je t'ai peiné par ignorance, 

    par manque d'attention, ou d'adresse.

    Je ferai de mon mieux pour changer, je n'ose rien te dire de plus. ».

     Il arrive que nous n'ayons pas l'intention de peiner quelqu'un,

     que nous le fassions par manque d'attention ou de maladresse.

     Il est important que nous soyons vigilants dans la vie quotidienne,

    de prononcer des paroles qui ne blessent pas.

    Il faut ensuite tenter de faire monter en nous le meilleur de nous même,

    la fleur ; de nous  transformer.

    C'est le seul moyen de prouver la sincérité de vos paroles.

     Quand vous serez régénéré, devenu agréable,

    l'autre ne tardera pas à le remarquer.

    Par la suite, chaque fois que vous aurez l'occasion de l'approcher,

     vous viendrez à lui comme fleur

    et il notera tout de suite que vous avez beaucoup changé.

    Peut-être ne sera-t-il même pas utile que vous parliez.

    Vous voir ainsi lui suffira, il vous acceptera et vous pardonnera.

    C'est « parler avec sa vie et pas seulement avec des mots » comme on dit.

    Lorsque vous commencez à voir la souffrance chez votre ennemi,

    c'est que votre vision s'est approfondie.

    Lorsque vous voyez en vous le désir que cette personne ne souffre plus,

     c'est signe de vrai amour.

    Mais prenez garde,

    on peut penser parfois être plus fort qu'on ne l'est vraiment.

     Pour éprouver votre force,

    allez à l'autre pour l'écouter et lui parler,

     vous saurez aussitôt si votre amour compatissant est authentique ou non.

    Vous avez besoin de l'autre pour le découvrir.

     Si vous vous contentez de méditer quelques principes abstraits

    comme la compréhension ou l'amour,

    ce peut-être seulement de la compréhension ou de l'amour imaginaires.

    Se réconcilier ne veut pas dire signer un traité hypocrite et cruel.

    La réconciliation s'oppose à toute forme d'ambition et ne prend aucun parti.

    La plupart d'entre nous choisissent leur camp en tout combat ou conflit.

     Nous distinguons entre le bien et le mal sur la base de preuves partielles

     ou d' ouï-dire.

     Pour agir l'indignation est nécessaire, mais une indignation,

    même justifiée et légitime, ne suffit pas.

    Notre monde compte suffisamment de gens prêts à se jeter dans l'action

    par indignation.

    Ce dont il a besoin c'est de personnes capables d'amour,

    qui ne choisissent pas leur camp

    et donc peuvent avoir une vision globale de la réalité.

    Nous devons continuer à pratiquer la pleine conscience

    et la réconciliation jusqu'au jour où nous verrons en l'enfant décharné

    et squelettique d'Ougandaou d'Éthiopie notre propre enfant,


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