En 1950, la Chine annonce la "libération" du Tibet.
En 1951, les troupes de l'armée populaire chinoise, dans le pays depuis un an,
pénètrent dans Lhassa.
L'accord de libération pacifique du Tibet en dix-sept points, est
signé sous la contrainte, et le sceau du Dalaï-Lama est falsifié.
Cet accord fait croire aux
Tibétains que le système déjà existant au Tibet ne sera pas remis en question, mais
stipule en fait l'intégration du Tibet à la Chine.
Huit ans plus tard Lhassa est mise à feu
et à sang et le Dalaï-Lama s'exile en Inde.
Le Tibet est réduit à seulement la moitié de sa superficie.
La totalité de l'Amdo et une
partie importante du Kham sont intégrées dans les provinces chinoises voisines du
Qinghai, du Gansu et du Yunnan.
La partie restante du Tibet, composée de l'U-Tsang et
d'une petite portion du Kham a été dénommée, en septembre 1965 par les autorités
chinoises, "Région autonome du Tibet".
Aujourd'hui la Chine ne se réfère qu'à cette région lorsqu'elle parle du Tibet.
Lors de la Révolution culturelle (1966-1976), le Tibet est aussi touché.
Des milliers de
manuscrits anciens sont brûlés, des milliers de statues détruites et expédiées vers des
fonderies en Chine.
A Pékin, à elle seule, la fonderie des métaux précieux a fondu 600
tonnes d'objets artisanaux métalliques en provenance du Tibet.
Le génocide culturel est
en marche...
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- Plus de 1.2 million de morts entre 1950 et 1976,
soit un cinquième de la population totale du pays.
- 342 970 morts de famine
- 432 705 tués au combat
- 173 221 morts en prison ou en camps de travail
- 156 758 exécutés
- 92 731 morts sous la torture
- 9 002 suicides
Sous les yeux du monde, le pays le plus peuplé de la Terre, membre permanent du
Conseil de sécurité des Nations Unies, signataire de la Déclaration universelle des
droits de l'homme et de la convention internationale des droits de l'enfant continue à
violer impunément les droits humains les plus élémentaires.
Le génocide tibétain et l'occupation illégale du Tibet par la Chine sont reconnus par la
commission internationale des juristes.
Des résolutions ont été prises par les Nations Unies en 1959, 1961 et 1965.
Elles ne
sont toujours pas appliquées en l'an 2000...
Violations systématiques des droits de l'homme
les plus élémentaires
Assassinats, enlèvements, arrestations arbitraires, viols, stérilisations forcées des
femmes sont le lot quotidien des Tibétains depuis près de 50 ans.
La torture est également monnaie courante dans les prisons tibétaines.
L'objectif est
de briser le moral des prisonniers, de les déshumaniser et d'anéantir leur volonté de
continuer toute activité politique.
Les interrogatoires comprennent entre autres les
techniques suivantes : décharges de matraques électriques, coups de barres de fer,
coups de crosse de fusil, introduction de baguettes sous les ongles, application de
pelles brûlantes sur le corps, eau bouillante déversée sur la tête des prisonniers,
exposition à des températures extrêmes, privation de sommeil, de nourriture, d'eau...
La liste n'est pas exhaustive.
Des équipes de travail chinoises campent en permanence dans l'enceinte des
monastères ou les visitent de temps à autre afin de diriger des sessions de
"rééducation politique" (thamzing).
Ces sessions cherchent à contraindre les nonnes
et les moines à renier le Dalaï Lama, à apprendre l'histoire tibétaine selon la version
chinoise et à s'opposer à tout mouvement de libération au Tibet.
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Une catastrophe écologique majeure
Le Tibet est devenu une zone militaire stratégique pour la Chine qui y a implanté
plusieurs ogives nucléaires.
Elle y fabrique également ses armes atomiques et y
stocke ses déchets nucléaires alors que cinq des plus grands fleuves d'Asie (incluant
l'Indus, le Mekong et le Brahmapoutre) prennent leur source dans ces montagnes !
La survie de près de la moitié de la population mondiale dépend directement de ces
fleuves. Les ressources naturelles sont systématiquement pillées sans prendre en compte les
graves conséquences écologiques à l'échelle planétaire qui peuvent découler de cette
surexploitation.
Les zones forestières représentaient 221 000 km2 avant l'invasion chinoise, elles
n'en couvrent plus que 130 000 aujourd'hui.
Des centaines d'espèces animales et végétales rares ont définitivement disparu.
L'hémione, le chevrotain porte musc, la grue à col noir, le takin du Tibet, le léopard
des neiges, le singe des neiges, le yak sauvage, le singe doré, le petit panda, le panda
géant sont en voie de disparition.
A l'instar de la forêt d'Amazonie, la déforestation
anarchique pratiquée sur le Toit du Monde met en péril le système écologique de
notre planète toute entière.
La solution finale à la chinoise
Depuis près de 40 ans les Tibétains
sont victimes d'une intensive colonisation par les Chinois.
Il s'agit d'une politique
officielle systématique destinée à noyer le peuple tibétain dans une mer de colons
*chinois pour trouver ainsi une "solution finale" au problème tibétain.
Ces transferts
massifs de population menacent la survie même de la nation et du peuple tibétain sur *
son propre sol. Actuellement, il y a plus de 7,5 millions de Chinois au Tibet contre
5,8 millions de Tibétains.
A Lhassa, plus des trois quarts de la population sont chinois.
Le mandarin est devenu la langue officielle.
Les jeunes enfants tibétains n'ont plus
accès à l'éducation traditionnelle
et l'écriture tibétaine, l'une des 30 écritures dans le
monde, est menacée de disparition.
L'architecture traditionnelle a fait place au bétonnage intensif.
Après avoir détruit
6 000 monastères, les autorités de Pékin
ont décidé d'en rénover certains, transformés en musée de la spiritualité, ceci dans
l'unique but d'attirer les touristes et de faire croire que tout se passe pour le mieux
au Pays des neiges.
Des centaines de restaurants et de commerces ont été ouverts à
Lhassa et dans les grandes villes tibétaines.
Maisons de passe, casinos et bars
karaokés fleurissent à tous les coins de rue.
Les autorités chinoises espèrent ainsi
dévoyer les jeunes Tibétains et ruiner les liens familiaux, sociaux et culturels.
De plus
en plus associée à des valeurs passéistes, la spiritualité est remplacée par le culte du
capitalisme à outrance. Enfin, des dispositifs de surveillance (vidéo, policiers en civil et
collaborateurs) empêchent toute tentative de manifestation ou tout acte de
dissidence organisée.
En 1999, on dénombrait plus de 615 prisonniers politiques au Tibet, dont 62 ayant
passé plusieurs années en prison.
Leurs crimes : détenir une photo du Dalaï-lama,
agiter le drapeau national tibétain, crier "Tibet libre" lors de manifestations
pacifiques, coller quelques affiches sur les murs, traduire en tibétain le texte de la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme ou simplement parler de la situation
des droits de l'homme au Tibet à des touristes ou des journalistes étrangers
Les négociations dans l'impasse ...
Le Dalaï-lama a reconstitué le gouvernement tibétain en exil à Dharamsala, au nord
de l'Inde. Celui-ci cherche à trouver une solution pacifique pour résoudre les
problèmes du Tibet grâce à des négociations directes avec les autorités chinoises.
Le Dalaï-lama a même été jusqu'à renoncer à sa revendication d'indépendance totale
et a fait savoir qu'il était prêt à accepter une authentique autonomie du Tibet au sein
de la République Populaire de Chine.
De plus, il a officiellement déclaré à plusieurs
reprises qu'il ne souhaite pas avoir de responsabilité politique dans le futur
gouvernement autonome du Tibet et qu'il est favorable à la séparation des
institutions religieuses et politiques.
Malheureusement, le gouvernement chinois persiste à refuser toutes ces initiatives,
exigeant avant tout du Dalaï-Lama qu'il renonce à l'affirmation de l'indépendance
historique de son pays.
Plan de paix en cinq points, proposé par le Dalaï-lama, le 21 septembre 1987, devant
le Comité des Droits de l'Homme au Congrès Américain à Washington :
1. Transformation de l'ensemble du Tibet (incluant les provinces de l'Amdo et du
Kham), en zone de paix .
2. Abandon par la Chine de sa politique de transfert de population, qui menace
l'existence même des Tibétains en tant que peuple .
3. Respect des libertés démocratiques et des droits de l'homme pour le peuple
tibétain .
4. Restauration et protection de l'environnement naturel du Tibet, et abandon par la
Chine de son emploi du Tibet pour la production d'armes et les dépôts de déchets
nucléaires .
5. Ouverture de négociations sincères concernant le futur statut du Tibet et les
relations entre les peuples tibétains et chinois.
Le tigre de papier
" La plupart des dirigeants occidentaux éprouvent une très grande sympathie pour le
Dalaï-Lama et la cause du Tibet.
Cette attitude justifie l'énergie incroyable que
déploie le Dalaï-lama, qui ne cesse de voyager, afin de plaider la cause du Tibet.
Mais malheureusement,
cette sympathie reste lettre morte dès qu'il s'agit de vendre des
Airbus, d'importer des produits manufacturés dans les camps de travail et les prisons,
ou d'obtenir de nouveaux marchés en Chine. Bon...
Le Dalaï-Lama [...] comprend
fort bien que ces nations doivent ménager leur avenir économique, et qu'aucune
nation ne puisse faire passer les intérêts du Tibet avant les siens.
Mais on pourrait espérer voir le respect des valeurs démocratiques conduire les
gouvernements occidentaux à une action plus concrète !
Le gouvernement chinois,
qui est très cynique, se réjouit de leur mollesse.
Les Chinois profèrent des menaces
disproportionnées, qu'ils seraient incapables de mettre à exécution, mais ces
menaces suffisent à paralyser les Occidentaux, qui se laissent piteusement bluffer.
Quoi que les Chinois prétendent, ils ont bien plus besoin des investissements
occidentaux que l'Occident n'a besoin des marchés chinois.
Il y aurait donc bien
moyen d'exercer une pression, si telle était la volonté des démocraties occidentales.
Les Chinois traitaient autrefois l'Amérique de "tigre de papier", mais actuellement ce
sont eux, les tigres de papier, car dès qu'on ignore leurs menaces, ils ne les mettent
pas à exécution."
Matthieu Ricard
Le Tibet en exil
«Le Dalaï-Lama et une centaine de milliers d'hommes et de femmes se sont exilés en
Inde, en 1959.
Totalement démunis au début de leur exil, ils ont réussi à rebâtir peu
à peu leur monde, à maintenir leur culture et à restructurer leur société qu'ils font
revivre, malgré des conditions d'extrême difficulté.
Ils ont créé un gouvernement,
reconstruit des monastères où les maîtres perpétuent leurs enseignements aux
jeunes moines.
Ils ont bâti des écoles où ils éduquent dignement plus de 10 000
enfants que soutiennent des parrains du monde entier.
Ces écoles sont cotées parmi les meilleures de l'Himalaya.
Les parents, au Tibet, n'hésitent pas à franchir
clandestinement des cols à plus de 5 000 mètres avec leurs jeunes enfants pour les
confier aux TCV, Village des Enfants Tibétains.
Par amour, ils s'en séparent pour des
années ou même à jamais.
Une trentaine d'enfants s'échappent ainsi chaque mois
en franchissant les remparts de l'Himalaya.»
La lutte pacifique des Tibétains
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Malgré toutes ses souffrances, le peuple tibétain résiste depuis 50 ans, de manière
non-violente à la répression chinoise.
Le temps passe et joue contre eux. Ils n'ont
qu'un maigre espoir face au rouleau compresseur chinois.
Le Dalaï-Lama l'a répété à
plusieurs reprises, ils comptent sur le soutien et la solidarité des hommes et des
femmes de bonne volonté du monde entier, ce que l'on appelle la communauté
internationale.
"Il a souvent été dit que ce mot de non-violence était mal choisi et que, par lui-même,
précisément du fait de sa forme négative, il entretenait de nombreuses ambiguïtés. Il
a pourtant l'avantage décisif de nous obliger à regarder en face les nombreuses
ambiguïtés de la violence, alors même que nous sommes toujours tentés de les
occulter pour mieux nous en accommoder.
La non-violence n'exprime pas un moindre
réalisme, mais au contraire, un plus grand réalisme envers la violence.
Il s'agit
précisément de prendre toute la mesure de celle-ci, d'en traverser toute l'épaisseur,
d'en peser toute la lourdeur.
Toute violence est un viol : le viol de l'humanité de
l'homme, à la fois de celui qui la subit et de celui qui l'exerce.
C'est précisément en
prenant conscience que la violence est la négation de l'humanité que l'homme est
amené à lui opposer un non catégorique et à lui refuser toute légitimité.
C'est ce refus
qui fonde le concept de non-violence et lui donne sa cohérence et sa pertinence."
"La non-violence n'est pas la passivité, mais une action militante qui exige souvent
l'héroïsme. Avec la bombe atomique, elle est la découverte capitale du XXème siècle,
l'une répondant à l'autre et obligeant l'humanité à choisir entre la mort et la vie."
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